Réunis en urgence ce 26 janvier à New York, les représentants des membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont longuement évoqué la situation qui prévaut autour de Goma, où les rebelles du M23, soutenus militairement par le Rwanda, mènent une offensive d’envergure depuis le 23 janvier.
Initialement prévue le 27 janvier, cette réunion d’urgence avait été sollicitée par la RDC puis soutenue par la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Compte tenu de l’évolution des combats, qui se sont progressivement rapprochés de la capitale provinciale du Nord Kivu, Goma, la rencontre a fini par être avancée d’une journée.
Présente à New York pour l’occasion, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Wagner Kayikwamba, a appelé le Conseil de sécurité à agir avec « fermeté » face à « une agression délibérée et méthodique contre un État souverain ». Accusant le Rwanda de se « préparer à orchestrer un carnage à ciel ouvert » dans l’est de la RDC, la diplomate a dénoncé l’attitude jusque-là « passive » du Conseil de sécurité.
Appelant cet organe à ne plus se « contenter de déclaration de préoccupations », la Congolaise a plaidé pour des « sanctions ciblées » contre les acteurs militaires et politiques. Représenté par son ambassadeur à New York, Kigali a répondu en dénonçant la collaboration de la RDC avec les FDLR, l’armée burundaise, les wazalendos, les « mercenaires européens » ainsi que la SAMIDRC (force régionale de la SADC), ce qui représente, selon elle, « une menace sans précédent pour la sécurité du Rwanda”.
Bintou Keita dénonce le “soutien actif” du Rwanda au M23
L’Angola, médiateur dans ce conflit, a appelé les deux parties à revenir à la table des discussions. Un appel relayé par l’Afrique du Sud, qui fournit des troupes à la fois dans le cadre de la force régionale de la SADC et au sein de la Monusco, et qui a déploré la perte de 13 soldats le 25 janvier. Pretoria a évoqué « des actes odieux » et dénoncé la violation de la souveraineté territoriale de la RDC par « des forces extérieurs » et le rôle d’États qui « refusent d’assumer leurs responsabilités ».
La patronne de la mission de maintien des Nations unies, Bintou Keïta, a quant à elle dénoncé le « soutien actif des forces armées rwandaises » dans ce conflit. Appelant Kigali à retirer ses troupes, la diplomate a demandé aux deux parties de revenir à la table des négociations pour « trouver une solution politique au conflit ». Un appel relayé par la France, dont l’ambassadeur Nicolas de Rivière a estimé que « la présence en RDC d’une force militaire étrangère contre la volonté de l’État congolais est une violation claire de la Charte des Nations Unies ».
Les États-Unis, qui ont appelé les différentes parties prenantes au conflit à protéger les civils, ont également estimé qu’il ne « saurait y avoir de solution militaire » à la crise en cours, appelant « toutes les parties à honorer leurs engagements » dans le processus de Luanda. Pour le Royaume-Uni, qui a condamné « les actes violents de tous les acteurs » ainsi que « les progrès récents du M23 et des RDF », « les attaques visant les Casques bleus pourraient constituer un crime de guerre » et un « motif de sanction ».
En conclusion, l’ambassadeur de l’Algérie, pays qui occupe à l’heure actuelle la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, a appelé les acteurs du conflit à poursuivre les consultations informelles, alors que la situation à Goma continue de se détériorer.
Tiré de Jeune-Afrique