13 août 2004 – 13 août 2024, 20 ans jour pour jour depuis l’évènement tragique de Gatumba, où un camp de réfugiés a été attaqué par un groupe armé au Burundi près de la frontière avec la RDC. Ce massacre qui visait essentiellement la communauté Banyamulenge, a fait plus de 160 morts et de blessés. Les membres de ladite communauté réunis samedi 17 août 2024 à Kinshasa pour commémorer le 20ème anniversaire de ce massacre, ont réclamé, pour la énième fois, que justice soit rendue à toutes les victimes de cette tragédie, qui reste impunie après maintenant deux décennies. Cette cérémonie a connu la participation de l’Honorable Modeste Bahati Lukwebo, 2ème Vice-Président du Sénat, de la Ministre des Droits Humains Mme Chantal Shambu, ainsi que de plusieurs fils et filles de la comunauté bantamulenge dont Alexis Gisaro, Ministre en charge des ITPR.
Ayant répondu en masse à l’appel lancé, les membres de la communauté Banyamulenge ont tous, comme un seul homme, dénoncé avec la dernière énergie ce massacre qui, 20 ans après, reste impuni alors que ses auteurs sont connus de tous.
Ils ont, par ailleurs, fustigé les discours de haine prononcés contre eux, et l’incarcération des leurs, accusés injustement d’être des infiltrés rwandais.
‘’C’est dans la nuit du 13 au 14 août 2004 que le massacré a été perpétré contre les réfugiés congolais au Burundi, dont la quasi-totalité étaient des Banyamulenge. Au cours de cette nuit, on a enregistré 166 morts, et plus d’une centaine des blessés, dont des femmes et des enfants, qui ont été assassinés au moyen d’armes à feu, et d’autres ont été achevés à l’arme blanche. Certains ont même été brûlés vifs.
Malgré la présence des victimes d’autres communautés, les faits démontrent, en effet, que les Banyamulenge étaient particulièrement visés lors de cette attaque. Considérant plusieurs rapports, entre autres, celui de la MONUSCO, il est clair que seuls les membres de ce groupe ethnique étaient ciblés.
Il y avait des signes qui annonçaient cette tragédie. Selon ledit rapport, quelques jours avant le massacre, des tracts des agresseurs avaient circulé, et ils scandaient des slogans abat les Banyamulenge.
‘‘…La commémoration de cette tragédie, est une opportunité qui nous est offerte, pour élever nos voix afin de dire plus jamais un tel massacre à l’endroit des congolais, quelle que soit leur appartenance tribale ou leur conviction. En outre, les victimes réclament la justice, et tous d’un commun accord, disons non à l’impunité’’, a déclaré M. Hénock Miandabo, un des notables de la communauté Banyamulenge, qui a également affirmé leur attachement à la RDC.
Pour que justice soit rendue aux victimes, les Banyamulenge ont appelé les autorités à diligenter une enquête, de porter une plainte contre les auteurs connus de ce massacre ; rechercher d’autres complices pour les déférer devant les juridictions nationales et internationales ; condamner et sanctionner les actes et discours d’incitation à la haine tribale et ethnique.
Un message d’espoir
Présent au cours de cette cérémonie, l’Honorable Modeste Bahati Lukwebo a lancé un message d’espoir, de paix et de solidarité aux membres de cette communauté. Dans sa prise de parole, il a appelé à bannir le négationnisme et le tribalisme, pour vivre dans l’unité. Car à son avis, c’est dans l’unité et la cohésion que le Congo deviendra fort. Il a, par ricochet, affirmé que seules les Nations multiraciales se développent et tant que l’objectif d’une vie en communauté ne sera pas atteint, ce mouvement de solidarité va continuer. Ainsi, il s’est dit prêt à porter haut la voix de ladite communauté pour que justice soit rendue.
En outre, Mme Chantal Shambu, Ministre des Droits Humains, a, quant à elle, affirmé que son ministère va veiller à ce que toute victime obtienne justice, ‘’car elle n’est pas un privilège, mais un droit de tout citoyen’’.
Il y a lieu de rappeler que ce massacre a été revendiqué par Agathon Rwasa, ex-chef des Forces nationales de libérations (FNL) et son porte-parole, le Pasteur Habimana.
Nathan Mundele