Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité mercredi matin, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré qu’il était « temps de mettre un terme au cycle répugnant d’escalades successives qui mènent les peuples du Moyen-Orient tout droit au bord du précipice », au lendemain de tirs de missiles sur Israël par l’Iran.
« Je condamne à nouveau fermement l’attaque massive de missiles menée hier par l’Iran contre Israël », a dit le chef de l’ONU dans un exposé devant les membres du Conseil.
Dans une déclaration publiée mardi, le Secrétaire général avait condamné « l’élargissement du conflit au Moyen-Orient, avec ses escalades successives », à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et entre Israël et l’Iran. « Cela doit cesser. Nous avons absolument besoin d’un cessez-le-feu », avait-il dit.
Mercredi, devant le Conseil de sécurité, il a estimé que « chaque escalade sert de prétexte à la suivante ». « Nous ne devons jamais perdre de vue le lourd tribut que ce conflit croissant fait payer aux civils. Nous ne pouvons pas détourner le regard des violations systématiques du droit international humanitaire. Ce cycle mortel de violences réciproques doit cesser. Le temps presse », a ajouté le chef de l’ONU.
La France a demandé cette session d’urgence du Conseil de sécurité suite à la décision de l’Iran de lancer mardi près de 200 missiles balistiques sur Israël, alors que les forces israéliennes ont lancé des incursions « limitées » dans le sud du Liban en plus de leur campagne de bombardements généralisée et meurtrière contre les militants du Hezbollah, le tout dans le contexte de la guerre qui dure depuis près d’un an à Gaza.
Cessez-le-feu à Gaza
Le Secrétaire général de l’ONU a notamment estimé qu’il était « grand temps d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, avec la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, la livraison effective de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza et des progrès irréversibles vers une solution à deux États ».
Il a aussi jugé qu’il était « grand temps de mettre un terme aux hostilités au Liban, de prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre pleinement les résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité, ouvrant la voie à des efforts diplomatiques pour une paix durable ».
Le Secrétaire général a déclaré que « de manière paradoxale », les attaques de missiles sur Israël par l’Iran « ne contribuent en rien à soutenir la cause du peuple palestinien ni à réduire ses souffrances ».
« Près d’un an s’est écoulé depuis les atroces actes terroristes du Hamas et la prise d’otages du 7 octobre. Depuis octobre dernier, Israël mène à Gaza la campagne militaire la plus meurtrière et la plus destructrice de mes années en tant que Secrétaire général. Les souffrances endurées par le peuple palestinien à Gaza dépassent l’imagination », a-t-il dit.
Il a noté que dans le même temps, « la situation en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, continue de se détériorer avec les opérations militaires israéliennes, la construction de colonies, les expulsions, les confiscations de terres et l’intensification des attaques des colons – sapant progressivement toute possibilité de solution à deux États ».
« Et, simultanément, les groupes armés palestiniens ont également fait usage de la violence. Le Hamas a continué de lancer des roquettes et, hier encore, 7 Israéliens ont été tués dans une attaque terroriste à Jaffa », a-t-il ajouté.
Les Casques bleus de la FINUL restent en poste
Au Liban, le chef de l’ONU a souligné que les Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL) « restent en poste » et que « le drapeau de l’ONU continue de flotter malgré la demande d’Israël de se déplacer ».
« Je réitère notre profonde gratitude aux membres militaires et civils de notre force de maintien de la paix de l’ONU – la FINUL – et aux pays contributeurs de troupes. La sécurité de tout le personnel de l’ONU doit être assurée », a-t-il ajouté.
Il a rappelé que « les civils paient un prix terrible ». Depuis octobre dernier, plus de 1.700 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 100 enfants et 194 femmes. Plus de 346.000 personnes ont été déplacées de chez elles, les estimations du gouvernement portant ce chiffre à un million. Et 128.000 autres personnes, syriennes et libanaises, ont traversé la frontière vers la Syrie.
Depuis le 8 octobre, les attaques du Hezbollah contre Israël ont fait 49 morts, et plus de 60.000 personnes ont été déplacées de chez elles.
« L’ONU a mobilisé toutes ses capacités pour fournir une aide humanitaire d’urgence au Liban et je demande à la communauté internationale de financer intégralement notre appel », a souligné le Secrétaire général, pour qui il « est absolument essentiel d’éviter une guerre totale au Liban qui aurait des conséquences profondes et dévastatrices ».
Les agences humanitaires de l’ONU ont lancé mardi un appel de fonds de 426 millions de dollars pour le Liban afin de soutenir les centaines de milliers de personnes déracinées par les bombardements israéliens dans le cadre de ce qu’Israël a décrit comme une opération terrestre « limitée, localisée et ciblée » au Liban.
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