Pour la première fois, la République démocratique du Congo va organiser les débats contradictoires entre les candidats à la magistrature suprême de 2023. A quelque 49 jours de ces scrutins compilés, les 26 candidats devront convaincre les électeurs afin d’adhérer à leurs projets de société. En 2006, l’aventure n’a pas marché compte tenu des contingences politiques qui entouraient le mythe de ce débat.
Mais aujourd’hui, le contexte est tout différent. 2023 aura le mérite de désacraliser cette série de dialogue contradictoire entre challengers. On se doit de reconnaitre cette ouverture démocratique qui caractérise, tant bien que mal, le cheminement vers la consolidation de la démocratie. C’est le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), l’organe de régulation des médias en RDC qui est l’organisateur de ce forum entre présidentiables.
L’éternel problème du budget refait surface. Les caisses de cette institution d’appui à la démocratie sonnent creux. D’où, cet appel de détresse au gouvernement. Le CSAC entend parer au plus pressé. Dès vendredi 10 novembre prochain, il va procéder au tirage au sort qui va pouvoir indiquer le passage à l’antenne de chaque candidat. Ce dernier est tenu de se présenter individuellement au débat. Pas question de se faire représenter.
Une culture à laquelle doit désormais s’habituer le politique congolais. Un exercice qui appelle une certaine tenue, et de la part des challengers, et de la part des journalistes. Les deux parties doivent suffisamment être outillées pour mener à bon port ces débats autour de prochaines joutes électorales.
Les élections doivent demeurer un challenge où le respect de l’autre doit être préservé. Les parties aux débats ne sont pas des ennemis mais plutôt des adversaires politiques. Les journalistes qui ne vont pas se recruter parmi les va-t’en guerre, au service de tel ou tel autre candidat, doivent être placés devant leur responsabilité. Le CSAC prendra soin, dans son choix, de scruter chacun d’entre eux afin d’éviter tout dérapage.
Dans les pays de vieilles démocraties, cet exercice est crucial en ce qu’il joue sur la perception d’un candidat auprès des électeurs. On discute projets de société. L’offre politique, la meilleure, va rehausser la cote de son initiateur. Le vote en République démocratique du Congo pourra, de cette façon, transcender le clivage ethno-tribal pour se focaliser sur les idées. La RDC pourra renaître de nouveau afin que le Congolais voie dans l’autre un compatriote plutôt qu’une personne issue de telle ou telle autre province.
C’est la seule occasion pour la RDC de cimenter son vouloir-vivre ensemble par le ton qui sera donné et par la qualité de débats à cette épreuve de feu.
La Pros.