(Note de l’éditeur : Cet article représente le point de vue de l’auteur Karim Badolo et pas nécessairement celui de CGTN.)
Du 7 au 10 mai, le président chinois Xi Jinping effectuera une visite d’État en Russie et assistera à la célébration de la victoire de la Grande Guerre patriotique. Cette année marque le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise, de la Grande Guerre patriotique et de la Guerre antifasciste mondiale. En tant que deux théâtres principaux de l’Asie et de l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, la Chine et la Russie ont consenti d’immenses sacrifices et apporté des contributions historiques majeures pour assurer la victoire de la Guerre antifasciste mondiale, sauvant ainsi leurs nations respectives de la disparition, et sauvant également l’avenir de l’humanité. En cette période historique particulière, il est important d’encourager une vision juste de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, de défendre les résultats de la victoire de la guerre et de l’ordre international d’après-guerre, et de soutenir l’équité et la justice internationales.
L’épilogue de Seconde Guerre mondiale a ouvert les yeux du monde entier sur la nécessité d’œuvrer en faveur de la paix, de désarmer les cœurs et les esprits pour l’avènement d’une cohabitation fraternelle entre les peuples du monde. L’une des grandes leçons de cette parenthèse meurtrière a été la création de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) avec, entre autres, pour objectifs le maintien de la paix et de la sécurité internationale, la protection des droits de l’homme, l’assistance humanitaire, la promotion du développement et la garantie du droit international.
80 ans après, le monde s’en souvient, partagé entre espoir et amertume. Beaucoup d’efforts ont été consentis en faveur de la paix, mais les conflits continuent d’endeuiller le monde à l’ère du village planétaire, la famine fait beaucoup de victimes, le droit international bafoué par les plus puissants. Huit décennies après, la loi du plus fort semble prioriser par certains dirigeants. L’écume d’un monde en crises multidimensionnelles embrume l’horizon d’une cohabitation pacifique, compromettant les chances d’une mondialisation bénéfique.
Pour une paix durable
Cette commémoration offre l’occasion aux pays du Sud Global de renforcer leurs alliances pour agir en faveur de la paix et relever d’autres défis qui concernent l’humanité entière.
En dépit de tout, l’espoir est possible. L’avènement d’un monde meilleur, même si cela relève d’un idéal, est possible grâce à ceux qui croient aux vertus de la paix et d’une coopération internationale respectueuse des intérêts mutuels. À l’occasion de ce 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, CGTN Français a recueilli un florilège de regards de journalistes africains.
Pour Moctar Sow, directeur de Publication du journal en ligne Malikilé au Mali, la commémoration de cet événement historique revêt une importance capitale pour se souvenir des sacrifices consentis par des millions de personnes et pour préserver la mémoire collective. Selon lui, l’ordre international a été redéfini par la création des Nations Unies et la promotion du droit international à l’issue de cette guerre. De l’avis du journaliste malien, face à un contexte marqué par l’unilatéralisme, le protectionnisme et les conflits géopolitiques, la Chine et l’Afrique peuvent renforcer leur coopération en s’appuyant sur les principes de solidarité, de respect mutuel et de coopération multilatérale. « En unissant leurs forces, ils peuvent contribuer à défendre les acquis de la victoire de la Seconde guerre mondiale en faveur de la paix, de la stabilité et du développement durable », a-t-il déclaré.
« Consolidation du multilatéralisme »
Le point de vue de Moctar Sow est partagé par son confrère du Bénin, Héribert-Label Élisée Adjovi,spécialiste des questions internationales et sino-africaines et responsable du Magazine panafricain de Diplomatie et de Relations Internationales « Le Label Diplomatique ». Ce dernier a soutenu que la Chine et l’Afrique peuvent agir ensemble dans la dynamique de la consolidation du multilatéralisme, du renforcement de la coopération économique, de la souveraineté technologique et l’innovation, de la coopération en matière de paix et de sécurité. « En renforçant leur partenariat sur ces piliers, la Chine et l’Afrique non seulement affirmeront leur rôle dans un monde multipolaire, mais contribueront également à préserver la paix et les valeurs issues de la Seconde Guerre mondiale face aux défis modernes », a-t-il argué.
Pour sa part, Fyfy Solange Tangamu, journaliste reporter au quotidien Forum des As en République démocratique du Congo (RDC), a soutenu que cette commémoration permet à l’humanité de se souvenir des sacrifices consentis par des millions de personnes, tant militaires que civils. «D’honorer leur mémoire mais surtout de se rappeler qu’une telle tragédie ne doit plus se reproduire. C’est aussi une occasion de réfléchir sur les dangers du nationalisme et de promouvoir la paix, la tolérance et le dialogue. Et aussi de renforcer l’identité nationale avec des valeurs comme la liberté et la démocratie. L’histoire nous permet de connaître le passé, de comprendre le présent et mieux préparer l’avenir », a-t-elle expliqué.
Solidarité sino-africaine
Comment la Chine et l’Afrique devraient-elles renforcer leur coopération pour faire face à la situation internationale complexe actuelle et défendre efficacement les fruits de la victoire de la Seconde Guerre mondiale ? Mme Tangamu a répondu que la Chine et l’Afrique doivent continuer à promouvoir le dialogue et la coopération entre les nations, en favorisant des discussions ouvertes sur les enjeux mondiaux. « Cela inclut la résolution pacifique des conflits et la recherche de solutions communes. Et sur ce point, la Conférence de Bandung qui a avancé les dix principes sur la gestion des relations inter-étatiques est une base sur laquelle les États peuvent se référer », a-t-elle souligné.
Gérard Njoya, rédacteur en chef à l’Actu Chine-Cameroon, a, quant à lui, laissé entendre que dans le contexte mondial actuel, l’Afrique et la Chine doivent renforcer leur solidarité et leur coopération autour des valeurs communes que sont la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie et la liberté. « Face à l’unilatéralisme et au protectionnisme développés ces derniers mois par le gouvernement américain, qui bouleversent l’ordre mondial dans le secteur des échanges commerciaux, l’Afrique et la Chine doivent renforcer la compréhension mutuelle entre leurs civilisations, s’efforcer à éliminer tous les obstacles liés aux échanges culturels et économiques, mieux promouvoir leurs démocraties et l’ouverture, ainsi que la coopération de haute qualité dans le cadre de l’Initiative “la Ceinture et la Route”», a indiqué Gérard Njoya.
A l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, l’humanité reste confrontée à des des divergences qui entravent la construction d’une communauté d’avenir partagé. Il faut impérativement sortir des logiques belliqueuses en privilégiant le respect mutuel, le dialogue et les intérêts communs. C’est le prix pour la paix et pour un développement durable, prospère, profitable à tous.
(Photo : VCG)
